Il parait qu’il ne faut, en aucune circonstance, que deux mariages se croisent. Or cet après-midi là, deux autres mariages étaient prévus à l’église des Anses d’Arlet. Au début, j’ai pris l’affirmation pour une boutade. Un peu comme « mariage pluvieux, mariage heureux ». Ce n’est qu’en milieu d’après midi, peu avant les photos de couple, que j’ai compris qu’il en allait autrement. L’adage était pris plus qu’au sérieux par certains membres de la famille de Géraldine et Nicolas. « Passez par le Diamant » nous disait-on. Et moi, je m’affolais intérieurement, me rendant bien compte qu’un détour de plus d’une demi-heure nous priverait des plus beaux instants de lumière de la journée.
Nous sommes donc partis pour le musée de la Pagerie, sans faire de détour, mais en s’assurant que la cérémonie de l’après midi durerait suffisamment pour nous laisser passer. La séance se passe bien, et en regardant ma montre, je me rends compte qu’on a le temps de profiter du coucher du soleil aux Anses d’Arlet. Aussitôt dit, nous voilà reparti en sens inverse.
Arrivés à quelques mètres de l’église, je suis ébahi par le spectacle du soleil couchant. Une lumière chaude et enveloppante filtrait à travers de beaux nuages. Mais soudain, l’angoisse m’envahit. Les deux mariages de l’après midi sont en train de sortir. Je ne réfléchis plus, et je me laisse envahir par l’adage si âprement discuté quelques heures plus tôt. Je me tourne vers Géraldine et Nicolas. « On y va ? » Intérieurement, « Allez, un peu d’audace ! » Et nous voilà tous les trois rasant les murs pour passer le plus loin possible des cortèges qui commençaient à envahir la place.
Finalement, nous arrivons sur le ponton et… je dois avoir une bonne étoile. Nous n’avons pas été le moins du monde dérangé pour une séance de photos de couple sensationnelle, jusqu’à ce que le soleil disparaisse sous l’horizon.
C’est ça aussi, la photo de mariage : du sang froid, et une pointe d’audace.
[Frédéric]
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