Dimanche matin.

6h30. Je me réveille une boule au ventre. Sensation connue ? Peu importe, il faut se préparer. 7h50. L’estomac vide, j’embrasse ma femme et mon fils, et je pars. Sur la route, je me remets en question. « – Suis-je un bon photographe ? – Pas mauvais, sans doute, mais loin des objectifs que tu t’étais fixés. – Pourquoi alors est-ce que je fais ce métier ? » Pas le temps de répondre. 8h35. Je suis arrivé sur le lieu de rendez-vous. Quand je salue Géraldine, elle me trouve fatigué. Je lui baragouine une explication sur la nécessité de se concentrer. C’est alors que Suzy, la tante de Géraldine me propose : « – Tu veux qu’on prie ensemble ? » PRIER ??? Mais, je ne sais même pas si je crois en Dieu, alors… « – Oui, je veux bien. » On se mets un peu à l’écart. Je ferme les yeux et je laisse la prière de Suzy m’envahir. « – Amen. » J’ouvre les yeux. Je me sens mieux. Mon boitier en main, j’essaie différents cadrages. Mais, je ne précipite pas mon premier déclenchement. J’attends le bon point de vue, le bon moment. Je sens que ça vient. C’est parti.

20h00. J’ai mal au dos. Courage, je vais bientôt pouvoir poser le D700. Suzy me propose de me servir une assiette. Son regard m’indique que je n’ai pas vraiment le choix. J’accepte. Décidément, aujourd’hui, je n’aurai rien fait comme d’habitude. Hummm, ça fait du bien de se poser. Perdu dans mes pensées, je me repasse le film de la journée. Préparatifs de Géraldine. Discussion sympathique entre le maquillage et le passage de la robe. Préparatifs de Thierry, à l’église. Une bonne ambiance en attendant la mariée. Une cérémonie émouvante comme je les aime. Bien que les photos de couple aient tourné court à cause de la pluie, je sais que je ramène de bonnes images. 20h30. Je vais saluer Géraldine et Thierry avant de prendre congé. « – Alors, contents de votre journée ? – Ah oui, tout s’est très bien passé. On est très content. – Oui. Vous étiez resplendissants. J’ai pris beaucoup de plaisir à vous photographier. À bientôt. – Merci, tu as été super. »

Ça y est. J’ai ma réponse. Je sais enfin pourquoi je fais ce job. Je suis un témoin. Je suis le témoin du bonheur des couples qui s’engagent. Je ne dois pas embellir ; je dois dénicher la beauté. Je ne dois pas mettre en scène ; je dois m’adapter à la scène. Et si j’ai bien travaillé, les mariés sont satisfaits avant même d’avoir vu la moindre photo. C’est ce qui s’est passé avec Géraldine et Thierry. Nous avons tissé un lien. Et c’est ce qui fait que…

J’aime mon taf.

[Frédéric]

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